Il y a une dizaine d'années, j'ai d'abord acheté quelques vignes, puis décidé de construire ma cave, en paille... N'étant ni des Corbières, ni d'une famille de vignerons, il me fallut démarrer de zéro. Vigneron de la génération spontanée ! Comme quoi l'enseignement mène à tout.

Ce n'est jamais facile de trouver un local professionnel (trop grand, trop petit, trop vétuste, trop cher...) Une visite chez quelques collègues lors d'un stage en biodynamie fit comme un déclic : si certains vinifiaient dans un garage, d'autres sans électricité, autant construire un bâtiment à ma main. On est toujours le petit de quelqu'un. L'important est de bien savoir ce que l'on veut faire et de rester à sa place. C'est la différence entre la fable de la grenouille et du boeuf et la devise de la maison : ce qui est grand est petit, ce qui est petit est grand.

Et quoi de plus adapté et de moins cher qu'une auto-construction ? Une charpente centenaire en chêne récupérée en Normandie, des bottes de paille ramassées dans les champs de blé dur de Roquenégade à Pradelles-en-Val, et beaucoup d'huile de coude, et de coups de main. La réalité fut plus rude que la théorie : long, fastidieux. Il faut dire qu'à l'époque je faisais ça à temps perdu, étant salarié. J'ai maintenant une cave fonctionnelle mais spartiate, conditionnée pour le travail manuel et solitaire. Un couteau suisse : vinification, stockage.